Un ex-dirigeant de Lafarge reconnaît des versements d'argent à Daech en Syrie

Le groupe français est soupçonné d'avoir indirectement financé les terroristes et une information judiciaire a été ouverte en juin dernier par le parquet de Paris.

«On était entrés dans une économie de racket», explique Christian Herrault, l'un des responsables Moyen-Orient des 582afbadc461888b108b456cciments Lafarge, dont une usine implantée et maintenue en Syrie malgré la présence Daech. Le groupe français est soupçonné d'avoir indirectement financé les terroristes et une information judiciaire a été ouverte en juin dernier par le parquet de Paris. Le Canard enchaîné révèle ce mercredi une partie des auditions des responsables de Lafarge Ciment en Syrie. 

La plupart d'entre eux, selon l'hebdomadaire qui a pu consulter les auditions des douanes judiciaires réalisées début 2017, reconnaissent avoir collaboré avec les groupes armés. «Notre partenaire local, Mr Tlass, discutait avec les factions rebelles et versait une obole pour que nos employés ne soient pas ennuyés aux différents passages», reconnaît Bruno Pescheux, directeur de Lafarge Syrie jusqu'en juin 2014.

«Techniquement, c'est un exploit et une fierté d'avoir maintenu cette usine»


Selon les dirigeants, cette obole correspond à au moins 100 000 dollars par mois. Le directeur de la sûreté, Jean-Claude Veillard, reconnaît même que 200 000 euros ont été versé en 2012 aux ravisseurs de neuf employés. 

«Lafarge représentait le seul moyen de vivre de plusieurs milliers de personnes (...), on ne laissait pas tomber nos gens», se défend Christian Herrault. Frédéric Jolibois, dernier directeur de Lafarge Syrie, ajoute : «Techniquement, c'est un exploit et une fierté d'avoir maintenu cette usine».  

L'enquête des juges d'instruction porte aussi sur la connaissance qu'auraient eu des responsables du groupe en France de ces agissements et du danger qu'ils ont pu faire courir aux employés sur place. Un informaticien, un ingénieur et un employé chargé des emballages, venus de Syrie pour répondre à la convocation des magistrats, ont été entendus cette semaine, a-t-on appris de source proche de l'enquête. «Ils ont confirmé le caractère accablant des éléments qui pourraient être retenus contre Lafarge, a indiqué leur avocate Marie Dosé. 

Il s'agit des premières auditions par les magistrats dans cette enquête pour «financement d'entreprise terroriste" et "mise en danger de la vie d'autrui», qui leur a été confiée en juin.

 

 

Source : leparisien

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