On compte 960 cas dans l'Hexagone. Roselyne Bachelot a rappelé que le niveau 6 d'alerte pourrait être décrété en France à la rentrée de septembre.
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On compte 960 cas dans l'Hexagone. Roselyne Bachelot a rappelé que le niveau 6 d'alerte pourrait être décrété en France à la rentrée de septembre.
La mobilisation continue à travers le monde pour tenter de lutter contre la grippe A (H1N1) signalée pour la première fois fin mars au Mexique. Le point sur la situation, mardi 28 juillet.
Focus sur la France
La France comptabilisait lundi soir 960 cas (confirmés et probables) de grippe A, Outre-mer compris. Le premier cas avait été constaté le 1er mai.Par ailleurs, depuis jeudi, en cas de suspicion de grippe, il ne faudra plus appeler le 15 mais son médecin traitant.
Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris et médecin et président du conseil d'administration de l'AP-HP, affirmait dimanche que la France n'est "pas encore prête" à affronter la grippe A, en réponse à François Fillon assurant vendredi dernier que le pays était "prêt" face au risque de pandémie. Bernard Debré, médecin, député UMP de Paris et membre du comité national d'éthique, estime lui dans un entretien au Journal du dimanche que la grippe "reste une grippette" qui "n'est pas dangereuse" et qu'"il faut siffler la fin de la partie".
Mercredi, un rapport rédigé par le sénateur Jean-Jacques Jégou a pointé plusieurs dysfonctionnements dans le fonctionnement de l'Eprus, organisme chargé de gérer les stocks de médicaments. Il évoque notamment une dispersion et une hétérogénéité des sites de stockage, des faiblesses de l'outil informatique, des incertitudes soulevées par l'arrivée à péremption d'une partie du stock.
Le nombre de victimes
Le virus de la grippe A a tué 816 personnes dans le monde, selon l'OMS. Le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé parlait la semaine dernière de 94.512 personnes contaminées dans 136 pays. Depuis, l'OMS a renoncé à diffuser de telles statistiques, face à un virus qui se propage à une rapidité "sans précédent" par rapport à d'autres épidémies.
Les pays les plus touchés sont les Etats-Unis, l'Argentine, le Mexique, le Canada, le Chili, et le Royaume-Uni, où les autorités sanitaires ont annoncé jeudi qu'elles évaluaient à 100.000 le nombre de personnes contaminées en une semaine, soit un doublement du nombre de cas enregistrés par rapport à la semaine précédente. Vendredi, l'OMS a indiqué que la propagation du virus "s'approche du 100%" de la planète, puisqu'il a atteint 160 des 193 Etats membres de l'OMS.
La Commission européenne a expliqué mercredi qu'elle s'attendait à une augmentation du nombre de cas cet été, en raison des flux touristiques, et que le taux de mortalité augmenterait cet automne lorsque la pandémie se combinerait à la grippe saisonnière.
Niveaux d'alerte
Le 11 juin, l'OMS a porté officiellement le niveau d'alerte à 6, c'est-à-dire à l'état de pandémie mondiale, pour la première fois depuis 41 ans. Le déclenchement de cette alerte ne préjuge pas de la sévérité de la maladie, mais constate sa propagation sur la surface du globe. L'OMS ne recommande pas de restriction des mouvements des personnes, des biens et des services. Mais l'organisation envisage "les fermetures des écoles comme une des mesures qui peuvent être considérées".
Mardi, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot a rappelé que le niveau 6 d'alerte pourrait être décrété en France à la rentrée de septembre. Dans l'Hexagone, le niveau d'alerte est actuellement fixé à 5A.
Comment faut-il appeler la grippe ?
Selon l'Organisation mondiale de la santé animale, l'appellation "grippe porcine" est inappropriée car le virus A/H1N1 n'a pas été isolé sur des animaux. Elle a ainsi décidé d'adopter la dénomination de "grippe A (H1N1)". La Commission européenne préconise de changer la dénomination "grippe porcine" en "nouvelle grippe" (novel flu en anglais) pour éviter des conséquences économiques désastreuses pour l'industrie du porc.
Mode de transmission du virus
La maladie, qui touche essentiellement "des jeunes adultes en bonne santé", se transmet par voie respiratoire, d'homme à homme. Les symptômes (fièvre, maux de tête, courbatures) sont similaires à ceux de la grippe saisonnière, qui tue chaque année dans le monde entre 250.000 et 500.000 personnes.
Les vaccins et médicaments
Situation étonnante chez GlaxoSmithKline: le laboratoire pharmaceutique a expliqué avoir provisoirement rappelé 160 salariés licenciés de son usine d'Evreux pour faire face à une forte hausse des commandes à l'exportation de son antiviral contre la grippe A(H1N1). Ces salariés, qui étaient concernés par un plan de suppression de 700 emplois sur 2.000, en cours dans cette usine depuis début 2009, verront leur contrat prolongé jusqu'au début 2010. GSK est un des deux laboratoires fabriquant un médicament contre la grippe A, avec Roche.
L'autre solution est bien sûr le vaccin: selon Bruxelles, les "deux tiers des pays de l'UE" en ont déjà commandé, la France ayant elle décidé d'acheter 94 millions de doses pour 879 millions d'euros auprès de trois laboratoires, Sanofi, GSK et Novartis.
Des responsables de la santé aux Etats-Unis ont annoncé que les premiers essais du vaccin expérimental contre la nouvelle souche du virus H1N1 de la grippe vont débuter dans huit hôpitaux universitaires américains le mois prochain. Les vaccins mis au point par les laboratoires Sanofi Aventis et CSL seront les premiers expérimentés.
Les effets sur l'économie
L'impact d'une éventuelle pandémie de grippe A sur l'économie française est difficile à évaluer à ce stade de l'épidémie car tout dépend de l'ampleur qu'elle prendra, selon le ministère de l'Economie. Une "cellule de continuité économique" est activée à Bercy depuis le 30 avril.
Les grandes entreprises se préparent déjà à l'aggravation annoncée pour l'automne de l'épidémie (cellule de crise, aménagement du temps de travail, stockage de masques pour les salariés), mais les PME restent mal informées.
Si la pandémie de grippe porcine touchait directement la France, elle aurait surtout des effets défavorables "sur l'offre", en raison de l'absentéisme dans les entreprises, des éventuelles restrictions sanitaires sur les déplacements ou des dysfonctionnements dans les transports. En revanche, l'impact sur la consommation, traditionnel moteur de la croissance française, serait "limité", estime Bercy.
Selon la Banque Mondiale, la pandémie pourrait se solder par une baisse du produit intérieur brut mondial de 0,7% à 4,8% en fonction de sa gravité
source : challenges.fr