POURQUOI C’EST TROMPEUR
Là aussi, aucune précision n’est donnée sur le cas de cette prétendue « Julie ». On sait en revanche sur quels critères le Centre régional des œuvres universitaires (Crous) de Lille gère son parc de logements étudiants, comme il l’explique sur son site Internet :
« Les logements sont attribués en priorité aux étudiants déjà logés qui demandent leur maintien dans la même résidence, aux étudiants boursiers gérés par Campus France, aux étudiants de niveau BAC + 5 et plus, puis aux étudiants dont le niveau d’études est le plus élevé. »
A titre d’exemple, un étudiant enfant unique dont la famille gagne 25 000 euros annuels est boursier, selon le calculateur du Crous. C’est également le cas pour un foyer avec trois étudiants dans l’enseignement supérieur qui déclare 60 000 euros par an de revenus.
L’académie de Lille accueille environ 160 000 étudiants chaque année, selon les chiffres ministériels, pour seulement 10 175 places de logements au Crous de Lille. L’académie fait à ce titre partie des plus mauvais élèves en France, selon un rapport de la Cour des comptes publié en 2015.
Tous les publics ne sont pas affectés de la même manière par cette situation. « Pour les étudiants boursiers, ça va, mais c’est très compliqué d’avoir accès aux logements étudiants pour les autres, surtout les étudiants étrangers », note Anouar Benichou, président du syndicat étudiant UNEF à Lille.
Quant aux migrants accueillis à Lille après le démantèlement du camp de Calais, il s’agit de « 80 bénéficiaires de l’asile, inscrits par ailleurs à l’université Lille-III », indique-t-on au Centre national des œuvres universitaires (Cnous). Par ailleurs, la résidence Galois sur le campus de Villeneuve-d’Ascq, qui accueille ces demandeurs d’asile, est vouée à la destruction et ne devait accueillir personne au cours de l’année universitaire 2016-2017. La nature du bâtiment utilisé ainsi que le faible nombre de cas concernés fait qu’il est pour le moins disproportionné d’imputer le manque de logements étudiants à Lille à ces demandeurs d’asile.
3. Les logements sociaux « saturés par l’immigration »
CE QUE DIT LE FN
POURQUOI C’EST TROMPEUR
Le FN prend là aussi des libertés avec la réalité, pour plusieurs raisons :
1. Les Français ne sont pas privés d’aides. D’abord, le parti d’extrême droite occulte les différents dispositifs d’hébergement d’urgence, de transition, puis de réinsertion dont les Français peuvent bénéficier. Sans nier l’ampleur du mal-logement, qui touche selon la Fondation Abbé-Pierre 3,8 millions de Français, dont 141 500 sans domicile et 85 000 dans des habitations de fortune, il est trompeur de laisser penser qu’une femme avec un enfant serait privée de toute aide de l’Etat.
2. Les migrants n’ont pas tous accès au logement social. Les migrants en situation irrégulière ou en cours de régularisation n’ont pas accès aux logements sociaux. Les réfugiés, quant à eux, ne peuvent y avoir accès qu’à la marge, dans des zones qui disposent de logements vacants, comme l’explique le ministère de l’intérieur sur son site.
Quant aux nouveaux arrivants en France en situation régulière, ils étaient 26 % à occuper un logement social en 2010, selon des statistiques ministérielles. Sachant qu’ils paient dans ce cas un loyer, comme tout autre occupant.
Il faut également rappeler qu’un peu plus d’une personne sans domicile sur deux (53 %) est de nationalité étrangère, selon les chiffres de l’Insee pour l’année 2012. Alors que les étrangers représentent 6,4 % de la population.
3. Les logements sociaux ne sont pas « saturés » uniquement à cause de l’immigration. Les ménages immigrés (naturalisés français compris) représentaient environ un résident en HLM sur six (16,5 %) en 2006, selon les chiffres du ministère de l’intérieur.