Malgré la pression policière et les débordements des forces de l'ordre espagnoles (Policia Nacional et Guardia Civil) dans certains bureaux de vote particulièrement à Barcelone, la Catalogne a pu organiser son référendum d'auto-détermination interdit par la cour constitutionnelle espagnole.
Voici ce qu'il faut retenir de cette journée qui restera comme la plus sombre de l'Espagne depuis le retour de la démocratie en 1975.
Quels sont les résultats?
La Generalitat a communiqué, à la première heure de ce lundi, les résultats. 2,2 millions de Catalans ont voté lors de ce référendum d'auto-détermination interdit par Madrid. Un chiffre légèrement inférieur à celui de la consultation du 9 novembre 2014 où 2,3 millions de personnes s'étaient déplacées pour (déjà) dire "oui" à l'indépendance de la Catalogne. Une consultation sans valeur légale. A noter qu'en septembre 2015, 4.130.196 votants s'étaient rendus aux urnes pour les élections régionales qui avaient des allures de référendum lançant le processus vers l'indépendance.
Ce 1er octobre, le "oui" l'emporte avec un petit peu plus de 90% des voix, soit 2.020.144 voix. Un chiffre conforme aux dernières élections puisqu'en 2014, 2.116.401 voix s'étaient portées sur le "oui" et la coalition indépendantiste avait rassemblé 1.966.508 voix aux régionales de 2015.
Quelle est la réponse de Madrid?
Le Premier Ministre espagnol, Mariano Rajoy, et sa vice-présidente, Saenz de Santamaria, ont semblé vouloir rester sourds au message du peuple catalan. Pour Madrid, "il n'y a pas eu de référendum aujourd'hui'. Le gouvernement espagnol réunira le congrès des députés dès ce lundi à Madrid pour évoquer le futur "commun" du pays.
Rajoy a justifié l'action de la police qui a "accompli son devoir et exécuté le mandat de la justice". "La force de la démocratie a parlé" s'est exprimé le chef des conservateurs. Il reste par ailleurs sur ses positions concernant l'éventuel dialogue avec la Catalogne qui se fera "dans le respect de la loi". Loi qui interdit toute indépendance d'une région autonome. Autant dire que la situation est bloquée.
Quel est le bilan des affrontements entre la police et les votants?
Les chiffres ont été communiqués par le département de la santé dépendant de la Generalitat de Catalogne et par le ministère de l'Intérieur espagnol. Autant dire qu'ils peuvent être pris avec précaution.
Le département de la santé fait part de 844 blessés dont deux personnes se trouvent dans un état très grave.
Côté police, 33 agents ont été touchés.
Quelles réactions internationales?
Le monde entier a vu les images de la police à l'assaut des urnes tourner en boucle sur les réseaux sociaux. Des images qui ont choqué puisque venant du coeur de l'Europe dans un pays démocratique.
Les instances européennes n'ont pas réagi officiellement ce dimanche. Un silence pesant tout comme celui du gouvernement français et du président de la République, Emmanuel Macron. Seul Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, invité sur un plateau de télé s'est exprimé sur le sujet en bottant en touche parlant d'une affaire espagnole.
En France, Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo et Benoît Hamon, notamment, ont fait part de leur inquiétude voire de leur indignation devant ces images.
Localement, aucun parlementaire du département des Pyrénées-Orientales, pas plus que le maire de Perpignan, ni la présidente du Conseil départemental ni celle du Conseil régional, ne sont exprimés sur le sujet.
Pourtant, dans son discours durant la soirée électorale, Carles Puigdemont, le président de la Generalitat, a lancé un appel "à l'Europe et à tous les députés de tous les pays démocratiques du monde" leur suppliant de "ne plus regarder ailleurs" et "d'intervenir pour rétablir le dialogue entre l'Espagne et la Catalogne".
Et maintenant?
Clairement, la suite du processus dépend du sort de Mariano Rajoy. Désavoué dans la rue, même à Madrid où une inédite manifestation pro-référendum a rempli la Puerto del Sol ce dimanche soir, le Premier ministre pourrait voir son fauteuil vaciller, sa majorité ne reposant que sur une coalition fragile.
De plus, dès le 3 octobre, de nombreuses organisations syndicales appellent à une grève générale. Que ce soit en Catalogne ou en Espagne. Un vent de fronde, alimenté par l'image déplorable laissée par les affrontements autour de ce référendum, et qui pourrait bien avoir raison de Rajoy.
S'il parvenait toutefois à rester à la tête du gouvernement, Rajoy sera-t-il le plus à même de négocier avec les Catalans plus déterminés que jamais? Pas sûr qu'on sorte de l'impasse dans les jours à venir.