Q : Pourquoi ces pays s’en prennent-ils soudainement au Qatar?
R : On a l’impression que c’est soudain et c’est très certainement un coup de théâtre, mais ça n’arrive pas du jour au lendemain. Il y a un ressentiment qui grandit entre les pays du Golfe et le Qatar depuis un bon moment déjà.
Essentiellement, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et d’autres accusent le Qatar de financer le terrorisme. On reproche au Qatar d’être derrière des groupes comme le groupe armé État islamique, Al-Qaïda, derrière les Frères musulmans un peu partout dans la région.
L’Arabie saoudite reproche en plus au Qatar de soutenir des groupes chiites qui fomentent une rébellion dans l’est de l’Arabie saoudite et d'aider les rebelles chiites houthis qui ont délogé de la capitale du Yémen un gouvernement qu'elle soutient.
À Bahreïn également, la monarchie sunnite est aux prises avec une majorité chiite qui parfois conteste dans la violence.
Évidemment, le Qatar nie toutes ces allégations. Il explique qu’aucune des accusations portées par ces pays n’est fondée et que c'est totalement injustifié.
Q : Est-ce une façon de lui faire payer ses relations plus modérées avec l’Iran?
R : Des médias en Arabie saoudite, entre autres, ont reproché récemment à l’émir du Qatar d’avoir tenu des propos à la défense de l’Iran.
Or, l’Iran représente pour l’Arabie saoudite une très grande menace dans la région avec son implication de plus en plus importante dans le conflit syrien, mais aussi au Yémen.
C’est une façon de reprocher au Qatar de ne pas suivre le pas dans les dénonciations très virulentes que l’on fait du rôle déstabilisateur de l'Iran, dit-on dans le Golfe.
L’Iran est derrière plusieurs des milices chiites qui combattent le groupe armé État islamique.
Q : Quel rôle a pu jouer la récente visite de Trump en Arabie saoudite dans cette levée de boucliers?
R : Le président Donald Trump a tenu un discours très très dur à l’endroit de l’Iran lors de ses rencontres avec les dirigeants de ces pays.
Il a accusé l’Iran de soutenir des groupes terroristes, d’être derrière, en fait, toute l’instabilité à laquelle on assiste depuis plusieurs années au Moyen-Orient. Et ça, c’est une ligne qui colle de très près à ce que l’Arabie saoudite reproche à son rival iranien.
Maintenant, est-ce que les pays du Golfe ont perçu ces propos de Donald Trump comme une carte blanche pour s’en prendre au Qatar? C'est possible.
Ce qu’il faut savoir cependant, c’est que le Qatar a des propos plus modérés face à l’Iran peut-être parce qu’ils ont en commun un grand champ gazier qu’ils exploitent communément.
Cela pourrait expliquer leur approche un peu plus modérée et ouverte face à la coopération avec l’Iran pour favoriser le dialogue plutôt qu’une confrontation constante.
Tout ce discours de Donald Trump a probablement envoyé un signal à des pays comme l’Arabie saoudite qu’ils auraient l’appui de leur allié américain dans cette lutte qui les oppose au Qatar aujourd’hui.