Une première mondiale. C’est sur leurs terres que Phytorestore a inauguré cette semaine sa bioferme de dépollution par les plantes. Une zone de 104 hectares pour démontrer et améliorer le savoir-faire de la jeune start-up française en matière de phytorestauration.
Traiter les matières par les plantes
L’eau, l’air, la terre. Au quotidien, Thierry Jacquet, président de Phytorestore, jongle avec les éléments. Inventeur du concept des Jardins Filtrants pour le traitement de l’eau, l’homme affine depuis 15 ans son concept de ville végétale dans laquelle les plantes transforment les pollutions en ressources. Sur son nouveau terrain de jeu francilien, l’éco-entrepreneur traitera ainsi des matières riches en matières organiques (boues de curage, produits de fosses…) en les plaçant dans des casiers semi-humides où se trouvent des plantes laveuses de pollution (iris, scirpes, joncs,…). « Ce sont des matières qui auparavant n’avaient pas de débouchés dans les centres traditionnels de dépollution. Le compost obtenu est ensuite réutilisé dans nos jardins flottants », explique Thierry Jacquet. Une première étape avant de réaliser, sur le même site, le traitement de sols jusque-là voués à l’incinération ou à l’enfouissement. « Pour les terres polluées, nous sommes en attente d’une réglementation qui les fera passer du statut de déchets à celui de neosol. »
Sélectionner les espèces végétales
En Seine-et-Marne, Phytorestore espère traiter près de 50 000 tonnes de matières par an dans une logique de « boucle écologique ». La start-up fera ainsi appel aux agriculteurs locaux pour s’occuper de la valorisation des plantes utilisées sur son site. Le miscanthus exploité à Brosse-Montceaux sera par exemple transformé en paillis et en litière équine. Avant peut-être de nouveaux débouchés dans les domaines des bio-carburants et de l’éco-construction (isolation, parpaings naturels…). En complément de son centre de traitement des déchets, la bioferme de Phytorestore abrite également une pépinière de sélection des espèces végétales. Objectif : déterminer les plantes les plus efficaces pour le traitement des pollutions, mais aussi les plus pertinentes sur un plan commercial. « L’aspect visuel des végétaux est très important. Pour un client, une couleur marron est forcément synonyme de mauvaise santé. Il faut donc garantir la qualité et la diversité des plantes utilisées ». Une stratégie végétale qui passe aussi par l’implantation d’un laboratoire de R&D flambant neuf à Brosse-Montceau.
Des collaborations avec les grands
Fort de ces innovations, Phytorestore suscite désormais l’intérêt des grands groupes du secteur de l’environnement comme Veolia ou la Lyonnaise des eaux. « Nous avons un peu le rôle de pionnier sur ce secteur. Les gros râlent, mais finissent par nous suivre », glisse dans un sourire Thierry Jacquet. Jadis regardée avec étonnement, sa petite entreprise se paye d’ailleurs désormais le luxe de développer des solutions végétales pour les géants cités plus haut. De quoi envisager l’avenir avec optimisme : « Les jardins filtrants dans les petites communes, ça marche, les filtres pour les boues, ça marche, et les filtres pour l’air devraient bientôt se développer. Je n’ai vraiment pas de doute pour la suite », avance Thierry Jacquet. A l’exception peut-être d’une petite contrariété : l’intrusion amicale de quelques sangliers dans ses parcelles de miscanthus. Et cette fois-ci, la phytorestauration ne sera pas d’une grande aide
Bioferme - Phytorestore par Cleantech-Republic
Phytorestore en bref :
Création : 2005
Chiffre d’affaires : 4 millions d’euros
Effectif : 30 salariés
Concurrents : Hidrik ; SINT
Références :
Jardins Filtrants : Bussière Poitevine (87), Fenouillet du Razès (11)…
Station d’épuration : Honfleur (14), Escamps (89)…
Bassin d’irrigation : Club Med – Ile Maurice…
Investissement bioferme : 1,5 million d’euros (autofinancement)