Lors d'un point presse, le Premier ministre, dont l'entourage proche a été la cible de violentes attaques de la part de cette blogueuse d'opposition, a dénoncé un acte "barbare" et ordonné aux forces de l'ordre de concentrer toutes leurs ressources pour que ses auteurs soient traduits en justice. "Ce qui s'est passé aujourd'hui est inacceptable à de nombreux niveaux. Aujourd'hui est une journée noire pour notre démocratie et notre liberté d'expression", a-t-il déclaré.
Un rôle central dans la révélation des scandales de corruption
"Je n'aurai de cesse que justice soit faite", a-t-il promis, appelant l'île à l'union. Âgée de 53 ans, Daphne Caruana Galizia a travaillé comme chroniqueuse dans plusieurs médias maltais mais était surtout connue pour le blog sur lequel elle a dénoncé plusieurs affaires de corruption.
Selon Le Monde, elle était une "star locale". Son site battait des audiences records avec "des pointes à 500 000 pages vues ces dernières semaines (pour 430 000 habitants !)".
Début juin, le Parti travailliste de Joseph Muscat, au pouvoir depuis 2013, avait remporté une large victoire lors d'élections législatives anticipées convoquées à la suite d'une série de scandales impliquant des proches du Premier ministre. Daphne Caruana Galizia avait joué un rôle central dans ces révélations.
"Un WikiLeaks entier en une seule femme"
Le ministre de l'Énergie, le chef de cabinet de Joseph Muscat et jusqu'à l'épouse du Premier ministre ont été soupçonnés de détenir des comptes off-shore révélés dans le cadre du scandale des "Panama Papers". Joseph Muscat a catégoriquement démenti les accusations et promis de démissionner si les accusations étaient démontrées.
Au printemps, le magazine Politico avait classé Daphne Caruana Galizia parmi les "28 personnalités qui font bouger l'Europe", la décrivant comme "un WikiLeaks entier en une seule femme, en croisade contre le manque de transparence et la corruption à Malte".