Le naufrage, dimanche 14 janvier 2018, du pétrolier iranien Sanchi, entré en collision le 6 janvier dernier avec un bateau chinois, fait craindre une marée noire comparable à celle causée par l'Exxon Valdez en Alaska en mars 1989, ou à celle du ABT Summer au large de l’Angola en 1991.
A cette différence près : ces deux bateaux transportaient du pétrole brut alors que le Sanchi était chargé de condensat, des hydrocarbures ultra-légers dont l’impact sur l’écosystème est plus difficile à mesurer. Le fait que le bateau ait coulé aggrave en tout cas le risque d’une catastrophe environnementale.
Le naufrage était le pire scénario envisageable. Tant que le tanker brûlait encore, les 136 000 tonnes, soit 1 million de barils de brut ultra-léger à bord, continuaient à s’évaporer. Mais maintenant que le mastodonte gît au fond de l’océan, les hydrocarbures se répandent dans l’eau.
La faune et la flore de mer de Chine de l'Est en première ligne après le naufrage
« L’explosion mais surtout le naufrage du pétrolier Sanchi auront des conséquences néfastes pour l’écosystème marin. Le Sanchi transportait une sorte d’huile très particulière, du condensat composé d’éléments toxiques. Et le pire, c'est qu’il s’agit d’une quantité énorme », observe Ma Jun, directeur de l’Institut pour les affaires publiques et environnementales.
De quoi mettre en danger, selon cet éminent militant écologiste chinois, l’écosystème le plus riche de la mer de Chine orientale, déjà menacé par la surpêche des bateaux chinois, japonais et coréens. Ces condensats risquent d’empoisonner les mammifères marins comme les baleines, les oiseaux marins, mais aussi les maquereaux, les tortues de mer, le plancton, les coquillages...
« Le lieu de l’accident est sensible, dans la zone de pêche naturelle de Zhoushan, la plus grande (de Chine). Maintenant, les nappes de pétrole sont en train de dériver vers le nord en raison des vents et des courants marins, mais là aussi les eaux sont riches en organismes aquatiques », relate Ma Jun.
Priorité : « Evaluer combien de tonnes de condensat et de mazout se sont écoulées »
Des avions de surveillance ont repéré trois nappes de pétrole, que les vents violents et les courants font dériver vers le Japon. « J’espère qu’une bonne partie du condensat s’est déjà évaporé dans l’air grâce au feu à bord », confie le directeur de l'’Institut pour les affaires publiques et environnementales.
Les spécialistes craignent avant tout les 1 000 tonnes de mazout contenues dans les réservoirs du bateau pour faire tourner les turbines. Ce diesel lourd est le pétrole le plus sale. Il est extrêmement toxique, pour les organismes marins, « plus visqueux ». Priorité : « Evaluer combien de tonnes de condensat et de mazout se sont écoulées dans l’eau ».
« Ça sera difficile de les nettoyer. Ils menacent donc l’environnement marin à long terme. Le gouvernement a déjà envoyé les bateaux pour nettoyer les nappes d’huile. Mais comment traiter le condensat sous l’eau ? C’est un problème épineux », constate Ma Jun.